Depuis les années 1990, de nouvelles formes de discours et de mobilisations ont émergé pour interroger le passé colonial et le présent postcolonial belge. Différents acteurs sociaux – journalistes, chercheurs, archivistes, militants associatifs, artistes, membres de la diaspora africaine, anciens colons et leurs descendants, acteurs politiques, etc. – ont contribué à mettre à l’agenda public la question de l’héritage colonial. Le projet de recherche HERICOL étudie les formes, les acteurs et les enjeux de la résurgence du passé colonial en Belgique. Il examine l’historicité et la sociologie des mobilisations récentes autour des traces coloniales et de leurs héritages dans une perspective interdisciplinaire. A partir des ressources combinées de l’anthropologie, de l’histoire et de la sociologie, HERICOL analyse les spécificités de ces mobilisations et du rapport aux traces coloniales tels qu’ils se déploient dans l’espace belge en les contrastant à celles d’autres pays européens et en les replaçant dans leur contexte global.
HERICOL s’intéresse en particulier à quatre dimensions, qui correspondent à des sites-clés de cristallisation des débats publics et intellectuels autour des héritages coloniaux et/ou à des terrains d’analyse où l’état de l’art est faiblement connecté aux avancées scientifiques internationales récentes relatives aux manières dont le passé colonial et ses ramifications postcoloniales sont adressées et vécues dans l’Europe contemporaine:
(1) le déploiement des controverses postcoloniales dans l’espace belge dans la perspective d’une sociologie des problèmes publics;
(2) l’histoire des connections entre les universités (en particulier l’ULB) et le projet colonial belge et les défis que pose la gestion de ce passé (en termes de mise en récit, de reconnaissance institutionnelle, de politiques de réparation/restitution) à l’heure actuelle;
(3) l’anthropologie des traces matérielles du passé colonial en relation avec la manière dont les perspectives postcoloniales structurent l’expérience affective et sensorielle des espaces publics, et les effets de ces espaces sur les identités postcoloniales;
(4) la socio-histoire des ex-coloniaux comme acteurs associatifs et politiques et de leur
rôle méconnu dans les controverses postcoloniales.
Le projet bénéficie d’un financement ARC-Advanced (« Action de recherche concertée ») octroyé par la Fédération Wallonie-Bruxelles pour une période de 5 ans (2021-2025). Basé à l’Université Libre de Bruxelles, il est porté par le sociologue Abdellali Hajjat (Groupe de recherche sur les Relations Ethniques, les Migrations et l’Égalité), l’historienne Amandine Lauro (Atelier Genre(s) et Sexualité(s)/UR Mondes Modernes et Contemporains), et l’anthropologue Sasha Newell (Laboratoire d’Anthropologie des Mondes Contemporains).